Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/573

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ont ralenti mon goût pour la botanique, au point de craindre de le perdre tout-à-fait. Vos lettres & vos envois sont bien propres à le ranimer. Le retour de la belle saison y contribuera peut-être : mais je doute qu’en aucun tems ma paresse s’accommode long- tems de la fantaisie des collections. Celle de graines qu’a faite M. Touin avoit excité mon émulation, & j’avois tenté de rassembler en petit autant de diverses semences & de fruits, soit indigenes, soit exotiques qu’il en pourroit tomber sous ma main ; j’ai fait bien des courses dans cette intention. J’en suis revenu avec des moissons assez raisonnables, & beaucoup de personnes obligeantes ayant contribué à les augmenter, je me suis bientôt senti dans ma pauvreté l’embarras des richesses ; car quoique je n’aye pas en tout un millier d’especes, l’effroi m’a pris en tentant de ranger tout cela, & la place d’ailleurs me manquant pour y mettre une espece d’ordre, j’ai presque renoncé à cette entreprise ; & j’ai des paquets de graines qui m’ont été envoyés d’Angleterre & d’ailleurs depuis assez long-tems, sans que j’aye encore été tenté de les ouvrir. Ainsi à moins que cette fantaisie ne se ranime, elle est, quant à présent, à-peu-près éteinte.

Ce qui pourra contribuer avec le goût de la promenade ne me quittera jamais, à me conserver celui d’un peu d’herborisation, c’est l’entreprise des petits herbiers en miniature que je me suis chargé de faire pour quelques personnes, & qui quoiqu’uniquement composés de plantes des environs de Paris, me tiendront toujours un peu en haleine pour les ramasser & les dessécher.

Quoiqu’il arrive de ce goût attiédi, il me laissera toujours