Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/611

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plus de longueur à mesure qu’on approche de l’équateur ; serai-je moins en droit d’en conclure à mon tour : donc la terre est effectivement plus courbée vers les pôles que vers l’équateur : donc elle s’alonge en ce sens-là : donc c’est un sphéroïde ? Ma démonstration fondée sur les opérations les plus fidelles de la géométrie seroit-elle moins évidente que la vôtre établie sur un principe universellement accordé ? Où les faits parlent, n’est-ce pas au raisonnement à se taire ? Or, c’est pour constater le fait en question, que plusieurs membres de l’Académie ont entrepris les voyages du Nord & du Pérou : c’est donc à l’Académie à en décider, & votre argument n’aura point de force contre sa décision.

Pour éluder d’avance une conclusion dont vous sentez la nécessité, vous tâchez de jetter de l’incertitude sur les opérations faites en divers lieux & à plusieurs reprises par M.M. Picart, de la Hire & Cassini, pour tracer la fameuse méridienne qui traverse la France, lesquelles donnerent lieu à M. Cassini de soupçonner le premier de l’irrégularité dans la rondeur du globe, quand il se fut assuré que les degrés mesurés vers le septentrion avoient quelque longueur de moins que ceux qui s’avançoient vers le midi.

Vous distinguez deux manieres de considérer la surface de la terre ; vue de loin, comme par exemple depuis la lune, vous l’établissez sphérique : mais regardée de près, elle ne vous paroît plus telle, à cause de tes inégalités : car, dites-vous les rayons tirés du centre au sommet des plus hautes montagnes ne seront pas égaux à ceux qui seront bornés à la superficie de la mer ; ainsi les arcs de cercle, quoique proportionnels