Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/616

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qu’elle nous paroît sphérique, & elle l’est probablement : mais il ne s’ensuit point du tout que la terre le soit aussi. Par quelle regle sa figure seroit-elle assujettie à celle de la lune, plutôt par exemple qu’à celle de Jupiter, planete d’une toute autre importance, & qui pourtant n’est pas sphérique. La raison que vous tirez de l’ombre de la terre n’est gueres plus forte : si le cercle se montroit tout entier, elle seroit sans réplique ; mais vus savez, Monsieur, qu’il est difficile de distinguer une petite portion de courbe d’avec l’arc d’un cercle plus ou moins grand. D’ailleurs, on ne croit point que la terre s’éloigne si fort de la figure sphérique, que cela doive occasionner sur la surface de la lune une ombre sensiblement irréguliere, d’autant plus que la terre étant considérablement plus grande que la lune, il ne paroît jamais sur celle-ci qu’une bien petite partie de son circuit.

Je suis, &c.

Chambéri, 20 Septembre 1738.

ROUSSEAU.