Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/65

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Roi, ils étrangloient cinquante de ses officiers. Ceux qui habitoient vers le Pont-Euxin se nourrissoient de la chair des étrangers qui arrivoient chez eux. L’histoire des diverses nations Scythes offre par-tout des traits, ou qui les déshonorent, ou qui sont horreur à la nature. Les femmes étoient communes entre les Massagetes ; les personnes âgées étoient immolées par leurs parens, qui se régaloient de leurs chairs. Les Agatyrsiens ne vivoient que de pillage, avoient leurs femmes en commun. Les Antropophages, au rapport d’Hérodote, étoient injustes & inhumains. Tels surent les Peuples qu’on propose pour exemple aux autres Nations.

À l’égard des anciens Perses, tout le monde convient doute avec M. Rollin qu’on ne sauroit lire sans horreur jusqu’où ils avoient porté l’oubli & le mépris des loix les plus communes de la nature. Chez eux toutes sortes d’incestes étoient autorisés. Dans la Tribu Sacerdotale, on conféroit presque toujours les premieres dignités à ceux qui étoient nés du mariage d’un fils avec sa mere. Il falloit qu’ils fussent bien cruels pour faire mourir des enfans dans le feu qu’ils adoroient.

Les couleurs dont Pomponius Mela peint les Germains, ne seront pas naître non plus l’envie de leur ressembler : peuple naturellement féroce, sauvage jusqu’à manger de la chair crue, chez qui le vol n’est point une chose honteuse, & qui ne reconnoît d’autre droit que sa forcé.

Que de reproches auroit eu raison de faire aux Romains, dans le tems qu’ils n’étoient point encore familiarisés avec les Lettres, un Philosophe éclairé de toutes les lumieres de la raison ? Illustres Barbares, auroit-il pu leur dire, toute