Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/121

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les chapitres suivans l’égalité naturelle des esprits, & qu’il a tâché d’établi au commencement de cet ouvrage, est que les jugemens humains sont purement passifs. Ce principe a été etabli

& discuté avec beaucoup de philosophie & de profondeur dans l’Encyclopédie, article EVIDENCE. J’ignore quel est l’auteur de cet article ; mais c’est certainement un très-grand métaphysicien. Je soupçonne l’abbé de Condillac ou M. de Buffon. Quoi qu’il en soit, j’ai tâché de combattre & d’établir l’activité de nos jugemens dans les notes que j’ai écrites au commencement de ce livre, & sur-tout dans la première partie de la profession de foi du Vicaire Savoyard. Si j’ai raison, & Helvétius & de l’auteur susdit soit faux, les raisonnemens des chapitres suivans qui n’en sont que des conséquences tombent, & il n’est pas vrai que l’inégalité des esprits soit l’effet de la seule éducation, quoiqu’elle y puisse influer beaucoup.

Voici, Monsieur, tout ce que j’ai cru digne de votre attention parmi les notes que j’ai trouvées à la marge du livre de l’Esprit ; il y en a encore d’autres moins importantes que vous pourrez vous-même parcourir un jour ; je vous le porterai la premiere fois que j’irai à Paris, & le laisserai même avec vous, en ayant à présent fait tout l’usage que je desirois en faire.

Je vous envoie aussi une copie des lettres que M. Helvétius m’écrivit à ce sujet ; il est juste de lui donner le champ libre pour repousser les attaques d’un aussi puissant antagoniste, mais verrez qu’il n’y réussit pas ; & qu’en se battant même il a le sentiment de sa défaite.

Vous voulez aussi voir les lettres que je vous ai dites avoir