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LETTRES DE M. HELVETIUS.

LETTRE PREMIERE.

À Paris ce 22 Septembre 1771.

MONSIEUR,

VOTRE parole est une chose sacrée, & je ne vous demande plus rien, puisque vous avez promis de garder inviolablement l’exemplaire de M. Rousseau. J’aurois été bien aise de voir les notes qu’il a mises sur mon ouvrage, mais mes desirs à cet égard sont fort modérés. J’estime fort son éloquence & fort peu sa philosophie. C’est, dit mylord Bolinbroke, du ciel que Platon part pour descendre sur la terre, & c’est de la terre que Démocrite part pour s’élever au ciel ; le vol du dernier est le plus sûr. M. Hume ne m’a communiqué aucune des notes dont vous lui aviez fait part ; j’étois alors vraisemblablement à mes terres : présentez-lui, je vous prie, mes respects ainsi qu’à M. Elisson. Sil y avoir cependant dans les notes de N. Rousseau quelques-unes qui vous parussent très-fortes & que vous pussiez me les adresser, je vous enverrois la réponse, si elle n’exigeoit pas trop de discussion.

Je suis avec un très-profond respect,

MONSIEUR,

Votre très-humble, & très-obéissant serviteur.

HELVÉTIUS