Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je pourrois mettre par forme de note ce que j’ai à ajouter ; mais j’aime mieux l’inférer dans le corps de ma lettre. C’est de prier l’anonyme de recourir aux régistres du Conseil d’Etat, où il trouvera la vérité du fait que j’avance.

Tandis que M. Rousseau n’a point troublé l’église, la compagnie s’est tue. Je n’ai rien dit aussi de mon côté. Il y a plus, c’est que je voyois avec un vrai plaisir M. Rousseau, par l’attrait de sa conversation.

Au reste l’anonyme s’oublie étrangement, en cherchant à jetter du ridicule & sur la conduite de l’on Magistrat, & sur la méprise du Héraut,*

[*pag. 129] qui annonçoit la proscription des Lettres de la Montagne. Convenez, Monsieur, qu’il y a de l’imprudence dans cette réflexion ; je parle pour l’honneur de son Magistrat & du mien : convenez que cette pensée, dont il s’applaudit, est encore plus heureusement bête que la méprise de l’huissier.

L’anonyme s’oublie encore étrangement en maltraitant une compagnie respectable de Pasteurs. Je ne parle pas des injures dont il est fort prodigue à mon égard ; je le pardonne sincérement.

Je finis ici, & je passerai dans ma suivante aux faits les plus intéressans, dans le récit desquels l’anonyme manifeste une mauvaise foi, & une infidélité des plus marquées.

Pour vous, Monsieur, vous êtes vrai, vous aimez ausssi la vérité : je vous la rapporterai dans toute son exactitude. Croyez moi véritablement pour la vie.

À Motiers-Travers le 15 Juin 1765.

LETTRE IV.