Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/196

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Suivant la pratique de notre Corps, je fus requis de donner mon information, qui, j’en atteste la compagnie, fut énoncée dans cet esprit de tolérance & de charité, dont j’ai toujours usé à l’égard de M. Rousseau. Ensuite je fis place, suivant nos mêmes usages.

La compagnie me donna une direction pour ma conduite dans cette affaire, me déclarant que c’étoit pour me mettre à couvert de tout ce que l’on pourroit m’imputer malignement. Malgré ce que dit l’anonyme, il n’y a point eu de précipitation *

[*Page 132.] dans la délibération de la compagnie. Il est bon que l’on sache, que quand elle est assemblée par le devoir, pour une matiere dont tous les membres sont avisés, qu’ils y soient tous, ou qu’il en manque quelques-uns, l’on passe outre, autrement un corps ne mettroit jamais fin à rien, sur-tout quand il ne s’assemble pas souvent.

Je ne sais où l’Auteur a puisé ce qu’il ose avancer page 136, que la vénérable Classe fulmina contre M. Rousseau, en dépit des constitutions de ce pays, une sentence d’excommunication. Elle connaît les bornes de sa jurisdiction spirituelle ; mais elle fait qu’elle peut donner des directions à ses membres pour s’en servir auprès des consistoires, quand le cas y échoit, sans prétendre par-là gêner les suffrages. Que signifieroit une direction à un pasteur, s’il la mettoit dans sa poche ou sous la clef ? Le bon sens ne dit-il pas, que c’est pour en faire l’usage que sa prudence lui suggérera ?*

[* Combien de fois la vénérable Classe n’a-t-elle pas été requise par les Consistoires & même par la bouche de leurs chefs, même par des requêtes, de leur donner des directions ? Combien de fois n’a-t-elle pas envoyé des députés aux Consistoires pour les éclairer, & d’ordinaire avec des remerciemens de leur part ?]