Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vous ne parlez point de M. le Pasteur, vous ne dites pas même qui fut celui qui tint ce discours : il est cependant très-vrai qu’on leur a dit cela, tout comme on leur annonça les démarches prochaines des corps de l’Etat & la perte assurée de nos alliances Helvétiques, si on ne condamnoit pas Rousseau. Vous pourriez dans le besoin lui soutenir en face, que c’est lui-même qui a tenu ce joli propos le dimanche 24 mai 1765, entre huit & neuf heures du matin, en présence du diacre & des six anciens ; & pour enrichir vos preuves par une circonstance de poids, vous pourriez ajouter qu’il tenoit dans cet instant une razade de vin d’absynthe, & que saisi d’une sainte horreur en prononçant le mot d’Antechrist, il en répandit une partie sur son sacré pourpoint. Mais enfin comme tous ces propos sont extravagans & mensongers, il n’y a qu’à les mettre sur le compte du petit homme.

Seroit-ce M. le Pasteur lui-même, qui dit*

[*Page 191.] l’Auteur réussit très-bien à faire rire & à se déshonorer ? Quand vous rapportez le bruit semé au Val-de-Travers, que Rousseau dans son dernier ouvrage disoit que les femmes n’ont point d’ame ; répétez lui que dans les villages de Travers, Couvet, Motiers, Boveresse, Fleurier on ne parloit que de cela ; cent personnes dans le quartier l’attesteront. Vous avez donc dit la vérité, & c’est-la ce que M. le Pasteur appelle se déshonorer ? aussi personne ne soigne son honneur mieux que lui.

Au premier coup-d’œil la septieme lettre paroît toute du petit homme ; c’est une déclamation qui sent furieusement le