Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/395

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les liaisons de M. Hume en preuves, l’ensemble en corps formel de délit & de complot, qui ne lui permirent plus de douter qu’il ne fût trahi : M. Rousseau s’en plaignit dans une feuille périodique, rompit avec M. Hume, & ne lui écrivit plus.

A-peu-près dans le même tans parurent plusieurs libelles que M. Hume auroit peut-être dû repousser : sans s’en mettre en peine, il alloit sollicitant une pension du Roi son maître pour M. Rousseau, & l’obtint, à condition qu’elle seroit secrete ; il le lui écrivit : mais ne voyant point venir de remerciemens de sa part ou de lettres, M. Hume dit que, persuadé que c’étoit la condition qui le blessoit, il fit de nouvelles sollicitations auprès des ministres de son Maître, pour que la pension fût publique. M. Rousseau ne répondit rien à M Hume sur cette nouvelle démarche, il s’adressa au Lord Conway pour le prier de suspendre les bontés de Sa Majesté Britannique ; & voici comme il dit que M. Hume a raisonné sur cette pension. Si M. Rousseau accepte, avec les preuves que j’ai en main, je le déshonore ; s’il refuse, il faudra qu’il dise pourquoi ; s’il m’accuse, il est perdu.

Rousseau ayant lassé entrevoir à M. Hume qu’il le regardoit comme un perfide, ne pouvoit accepter aucun bienfait par sa médiation, non -seulement sans s’exposer à être déshonoré, mais sans mériter de l’être : il est incontestable qu’il étoit forcé de parler en refusant la pension, & de motiver ses refus aux ministres ; il étoit impossible qu’il parlât accuser sans accuser M. Hume, à moins de vaguer sur le refus, en appuyant sur toute la reconnoissance d’un cœur pénétré. Sa lettre dût être très-obscure pour le Lord Conway & fort claire