Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/419

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La lettre de M. Hume en réponse à celle de M. Rousseau est, j’ose le dire, froide, stérile, & ne débat qu’un seul article intéressant, la scene attendrissante qui s’est palée entr’eux & qu’ils narrent différemment. Ces récits sont trop essentiels pour ne pas les comparer. Si on le fait attentivement, il ne sera pas aussi difficile qu’on pourrroit le croire d’as signer celui des deux qui mérite qu’on y ajoute soi. Rapprochons -les, en débutant par celui de M. Hume, par la raison qu’il faut faire les honneurs du pas aux étrangers.

“M. Davenport avoir imaginé un honnête artifice pour vous faire croire qu’il y avoir une chaise de retour prête à partir pour Wootton ; je crois même qu’il le fit annoncer dans les papiers publics, afin de mieux vous tromper. Son intention étoit de vous épargner une partie de la dépense du voyage, ce que je regardois comme un projet louable ; mais je n’eus aucune part à cette idée ni à son exécution. Il vous vint cependant quelque soupçon de l’artifice, tandis que nous étions au coin de mon feu, & vous me reprochâtes d’y avoir participé : je tâchai de vous appaiser & de détourner la conversation ; mais ce fut inutilement. Vous restâtes quelque tems assis, ayant un air sombre & gardant le silence, ou me répondant avec beaucoup d’humeur ; après quoi vous vous levâtes & sites un tour ou deux dans la chambre ; enfin, tout d’un coup & à mon grand étonnement, vous vîntes vous jetter sur mes genoux, & passant vos bras autour de mon cou, vous m’embrassâtes avec un air de transport, vous baignâtes mon visage de vos larmes, & vous vous écriâtes : Mon cher ami, me pardonnerez