Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/439

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je passe à l’exposé de M. Hume.

Rien de plus obligeant & de plus noble que le premier procédé de cet Anglois à l’endroit du Genevois expatrié. Il lui offre chez lui un asyle & n’avoit pas besoin d’autre motif, ajoute-t-il, pour être excité à cet acte d’humanité, que l’idée que lui avoit donnée du caractere de ce Genevois, la personne qui le lui avoit recommandé. C’est-à-dire que cette même personne déjà bien connue de M. Hume, étoit capable de se connoître en hommes & d’apprécier leurs vertus & leur mérite. Mais à ce titre, magnifique il en ajoute un autre : la célébrité de son génie, de ses talens & de ses malheurs étoit une raison de plus pour s’intéresser à lui.

Je serois tenté de penser, moi qui crois de connoître un peu le génie Anglois, que la célébrité de son génie & de ses talens, étoit le motif le plus puissant qui engageait M. Hume à ce bel acte d’humanité, & que l’espérance que le bienfaiteur avoit conçue de tirer parti de cette bruyante célébrité, lui avoit fait concevoir le dessein d’attirer chez lui un homme de génie, & dont les talens s’étoient acquis en Angleterre une réputation distinguée, par une multitude d’éditions de ses ouvrages qui avoient enrichi les libraires qui les avoient publies.

Il n’y auroit pas eu une grande gloire à remplir un acte d’humanité à ce prix-là : attirer un homme chez soi, qui sait, ou que l’on soupçonne qui peut mériter de nouveaux suffrages de la part du public l’engager à quêter des souscriptions, & enfin se procurer par son travail de quoi fournir à sa subsistance & peut-être encore à grossir la fortune de son prétendu