Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/465

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du saint James Chronicle. Il n’y étoit pas nommé : pourquoi ! puisqu’il soutient qu’il ignoroit la plaisanterie de M. Walpole, pourquoi dit-il, que c’est lui que J. J. soupçonne & qu’il insulte tout à-la-fois, & qu’enfin du meilleur de ses amis, il le convertit subitement en un ennemi perfide & méchant. Mais quoi ! l’auteur Anglois ose-t-il finir cette phrase en ajoutant ; & par-là, tous mes services passés & présens sont d’un seul trait adroitement effacés. Non, ils ne l’étoient pas encore, si M. Hume eût été aussi innocent dans cette affaire qu’il le proteste, deux mots de lettre suffisoient pour lui rendre toute l’amitié de J. J. Rousseau, qui lui-mme auroit rougi d’avoir eu la foiblesse de se battre pendant long-tans avec une épée qui étoit chez le fourbisseur.

Quand je dis que le philosophe Genevois auroit rougi, c’est-à-dire, qu’il auroit été fâché d’avoir soupçonné trop légèrement son ami, c’est toujours en supposant qu’il étoit de sens rassis ; & je conviens que s’il n’eût pas eu l’esprit troublé, jamais semblable querelle n’auroit scandalisé le public. Mais J. J. étoit malade, & David ne se portoit pas trop bien. Le premier soupçonnoit avec trop peu d’apparence, & le second accusoit trop inconsidérément son ami d’ingratitude & de méchanceté.

Un bienfait reproché tient toujours lieu d’offensé.

Si tous les hommes avoient assez de justesse dans l’esprit & d’équité dans le cœur, ils seroient bientôt convaincus que le reproche d’un service rendu révolte toujours l’obligé, & métamorphose sa reconnoissance en ingratitude perpétuelle. Si M. Hume n’eût obligé J. J. Rousseau que pour le plaisir seul