Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est de la piété de vos cœurs, c’est des maximes consolantes du christianisme, c’est des détails édifians qui me restent à vous faire, que je tire ma confiance. Religion sainte ! refuge toujours sûr & toujours ouvert aux cœurs affligés, venez pénétrer les nôtres de vos divines vérités ; faites-nous sentir tout le néant des choses humaines ; inspirez -nous le dédain que nous devons avoir pour cette vallée de larmes, pour cette courte vie qui n’est qu’un passage pour arriver à celle qui ne finit point, & remplissez nos ames de cette douce espérance, que le serviteur de Dieu qui a tant fait pour vous, jouit en paix dans le séjour des bienheureux du prix de ses vertus & de ses travaux.

Que ces idées sont consolantes ! Qu’il est doux de penser qu’après avoir goûté dans cette vie le plaisir touchant de bien faire, nous en recevrons encore dans l’autre la récompense éternelle ! Il faut plus, il est vrai, que de bonnes actions pour y prétendre ; & c’est cela même qui doit animer notre confiance. Le Duc d’Orléans, avec les vertus dont j’ai parlé n’eût encore été qu’un grand homme, mais il reçut avec elles la foi qui les sanctifie, & rien ne lui manqua pour être un chrétien.

Cette foi puissante qui n’est pourtant rien sans les œuvres, mais sans laquelle les œuvres ne sont rien, germa dans son cœur dès les premieres années, &, comme ce grain de semence de l’Evangile,*

[*Luc C. XIII. Verset 19.] elle y devint bientôt un grand arbre qui étendoir au loin ses rameaux bienfaisans. Ce n’étoit point