Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/507

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vous avouez sans peine que vous pouvez avoir tort de l’avoir fait ; vous ne l’avez donc fait que sur un soupçon des plus légers, & qui vous faisoit entrevoir dans ce procédé de la mauvaise volonté ? Convenez qu’il n’y a rien de plus inquiétant dans le monde qu’un esprit perpétuellement soupçonneux, & qui croit voir dans la démarche la plus innocente les intentions les plus criminelles.

Je vous pardonnerois si vous eussiez dit après avoir étudié quelque tems le génie de la nation, les Anglois se sont mis dans le goût de meubler leur appartement, ou avec les portraits ou avec les estampes des grands hommes qui se sont acquis, soit par leurs talens ou par des traits singuliers, une réputation immortelle. Comme on recherche l’empreinte de Belizaire, de Benjamin Johnson ou de quelques autres, sans doute pouvoit avoir dit M. de Ramsay*

[*Fameux Peintre.] à M. Hume, on ne sera pas moins curieux d’acquérir celle du fameux J. J. Rousseau, & nous partagerons le bénéfice.

Ce soupçon pouvoir être fondé sur ce qui se passe journellement en Angleterre à cet égard, mais en supposant que l’os tentation & la vénalité eussent triomphé dans ce procédé, il n’y avoir pas-là de quoi se mettre en frais de plaintes ni de reproches : bien au contraire, l’amour-propre de l’Auteur de l’Héloïse y trouvoit toujours son compte ; mais les petits génies interprêtent toujours de travers ce que l’on fait même pour leur avantage. J. J. Rousseau le sait & les imite ; que penser de l’esprit de ce grand homme ! il avoit bien raison de dire qu’il pouvoit avoir tort de s’attacher à cette vétille, mais ce n’est