Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/510

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solitaire, commode & agréable ; le maître de la maison prévoit tout, pourvoit à tout, rien ne vous manque, vous y êtes tranquille, indépendant & heureux : c’est le tableau que vous en faites, & j’ajoute moi que vous vous trouviez à couvert des mauvaises intentions de ceux que vous appellez vos ennemis ; mais non, c’est-là, dites-vous, qu’ils deviennent plus cruels que vous ne l’aviez encore éprouvé. Pourquoi cela ? parce que les ressorts de votre esprit étant usés, votre imagination se détraque, vos pensées s’éloignent des objets qui sont enchaînés à la raison pour ne s’attacher qu’à des chimeres. Il me semble que je vous vois pensif & rêveur, & que vous ne vous réveillez qu’à l’aspect des fantômes & des soupçons qui, dans vos rêveries, vous sont la guerre.

Tant d’éloges & de plaintes prodigués alternativement tantôt aux soins & tantôt aux procédés de M. Hume à votre égard, ne sont surement pas des indices ni des démonstrations des maux prétendus qui vous accablent, ni de la trahison que vous dites avoir été tramée contre vous. Je pense que M. Hume a raison, quand il dit que tous vos ennemis se réunissent en vous seul. Vous voulez que l’on croye absolument que vous n’en auriez aucun si vous étiez venu seul en Angleterre. Nommez donc ces ennemis ! vous pourriez citer quelques mauvais plaisans & tout au plus deux ou trois semblables à M. Walpole ; mais dans le vrai on n’y a jamais cassé vos vîtres, & ce que vous appeliez froideurs, indifférence & mépris, ne sont autres choses que les témoignages d’une charitable pitié, parce qu’on s’appercevoit que la maladie dont vous êtes attaqué ne vous laisse de relâche que pour empirer. En voici, non pas l’indice,