Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/518

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autres articles que je supprime dans la crainte de tomber dans des répétitions toujours ennuyeuses. L’excès de l’affliction dont le malade se tourmente lui-même de gaîté de cœur, & qui ne roule le plus souvent que sur des bagatelles, annonce en effet une ame agitée par tant de passions différentes, qu’il n’est pas possible que l’esprit de cet homme là puisse jamais reprendre les fonctions attachées à des procédés raisonnables. Orgueil apparent, amour-propre invincible, vaine gloire, crainte, frayeur, amitié déréglée & seulement à moitié étouffée par le desir d’une vengeance autant injuste qu’impuissante, s’entre-choquent & se battent perpétuellement dans le cerveau timbré de ce pauvre Genevois.

Autre preuve de folie tirée de la même lettre, & qui dénote les desirs de vengeance dont je viens de parler.

M. Hume avoit écrit comme on l’a dit ci-dessus, à J. J. Rousseau sur un objet essentiel & d’où son bien-être dépendoit ; il lui avoir mandé que l’affaire concernant la pension qu’on vouloir lui faire étoit enfin terminée. Non-seulement le Genevois le fait gloire de n’avoir pas daigné répondre à ce zélé & généreux solliciteur, mais il se vante orgueilleusement d’avoir envoyé sa réponse au général Conway. Il trouve ce procédé si charmant qu’il s’écrie, faisant allusion à M. Hume : premier soufflet sur la joue de mon patron ; il n’en sent rien. Lorsqu’il dit que l’imposteur a des complices en Angleterre, c’est-à-dire, que l’Auteur du libelle étoit en liaison avec M. Hume, il répété, second soufflet sur la joue de mon patron ; il n’en sent rien. Il continue en faisant remarquer que dans sa lettre au Général il avoir affecté de ne point parler de celui