Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/523

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celle de M. Hume n’est pas dans la nature, elle est contradictoire, & cependant, il ajoute, qu’elle lui est clairement démontrée. Puisque cela est ainsi, pourquoi ne démontre-t-il pas lui-même cette clarté sur laquelle il répand ainsi les ténébres les plus épaisses ? S’il étoit véritablement convaincu persuadé de la prétendue trahison dont il accuse M. Hume, s’écrierôit-il ? abyme des deux côtés ! je péris dans l’un ou dans l’autre, je suis le plus malheureux des humains si vous êtes coupable. Peut-on demander à un homme de qui l’on a dit, que l’on fait positivement qu’il nous a trahi, si c’est bien lui qui est le traître ? peut-on après l’avoir convaincu de trahison, le prier d’avouer son crime ? peut-on révoquer en doute son intégrité quand il nie, & qu’il exige d’être confronté avec l’imposteur pour le confondre ? pourquoi ne lui accorder ni l’une ni l’autre de ses demandes ? peut-on lui écrire, je suis le plus vil des hommes si vous êtes innocent ; & vous me faites desirer d’être cet objet méprisable, si c’es moi qui vous ai faussement accusé de trahison. C’est clairement avouer que l’accusation que l’on a faite n’étoit fondée que sur des soupçons ; que l’on s’y est livré avec chaleur, qu’au lieu de les éloigner, on les a appelles à son secours pour lâcher inconsidérément cet indigne jugement téméraire que l’on veut faire recevoir comme la preuve du crime supposé. Peut-on s’égarer avec tant d’opiniâtreté sans être soupçonné de la plus haute folie ?

Je touche bientôt à la fin de cette trop longue épître qui, en débutant, promettoit des indices appuyés par des démonstrations qui devoient prouver clair comme le jour la trahison