Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/532

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bonnement que tout le genre-humain conspire contre lui. Son plus grand bienfaiteur étant celui qui incommode le plus son orgueil, devient le principal objet de son animosité. Il est vrai que pour soutenir ses bizarreries, il emploie des fictions & des mensonges ; mais c’est une ressource dans ces têtes foibles, qui flottent continuellement entre la raison & la folie, que personne ne doit s’en étonner.

Que l’on oppose mon opinion, ou ce que j’ai déjà dit ci-devant avec ce qu’on vient de lire, & l’on verra si M. Hume avoir lui-même beaucoup de raison, de vouloir lutter avec un malade de cette espece ; mais voyons ce qu’il dit lui-même. J’avoue que je penche beaucoup vers l’opinion de mes amis : quoiqu’en même-tems je doute fort qu’en aucune circonstance de sa vie, il ait joui plus entiéremeut qu’aujourd’hui de toute sa raison.

J’en appelle au jugement des lecteurs sensés : & je me persuade que ce paradoxe leur sera remarquer que celui qui l’avance s’aveugle de propos délibéré pour n’examiner en lui -même que les progrès du ressentiment le plus insensé. D’où je conjecture que M. Hume n’est pas encore aussi malade que J. J., mais qu’il montre déjà quelque disposition à le devenir. C’est encore l’auteur Anglois qui veut que même dans les étranges lettres que Rousseau lui a écrites, on retrouve des traces bien marquées de son éloquence & de son génie. J’en conviens, la toile en étoit bien lustrée & brillante, mais le fil en étoit pourri. Jamais homme de bon sens, quelque éclairé qu’il puisse être, ne pourra reconnoître dans ces Lettres étranges que le tissu embrouillé d’un sublime galimathias. Les sous