Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/533

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causent & écrivent quelquefois avec beaucoup de feu & d’enthousiasme, mais leur éloquence est toujours entrecoupée par des fictions si ridicules, & des propositions si absurdes, que l’on ne peut s’empêcher de reconnoître leur égarement. La plus grande faute de M. Hume, c’est de n’avoir pas voulu reconnoître celui d’un homme qui en faisoit voir tous les jours de sa vie, & d’une nouvelle espece. Peut-on dire que Rousseau jouissoit de toute sa raison en promettant des indices & des démonstrations qui, au bout de trente-huit- pages, n’arrivent pas. Il paroît bien plutôt par cette même épître, & les visions qu’elle contient que la République des Lettres va prendre le deuil, & se lamenter de la perte d’un héros qui surement auroit illustré ses fastes, si la raison ne l’avoir pas abandonné pour toujours.

Un anonyme qui s’est donné le titre de Rapporteur de bonne foi, a déjà prononcé ses arrêts sur le différend ou plutôt la querelle pitoyable entre M. Hume & Rousseau. Il fait pencher la balance du côté du second ; en cela il sera toujours sort louable de s’être déclaré pour celui qui gémit, ou qui, par un excès de sensibilité, paroît le plus affligé. Je n’ai jamais connu que de réputation ces deux Auteurs célebres, j’ai quelquefois ouï faire l’éloge de leurs productions par gens du premier mérite, & qui je crois, étoient plus capables que moi d’apprécier les talens. J’avoue à ma honte que j’ai trop peu recherché les productions de l’auteur Anglois, sur-tout depuis le reproche que lui fit le général Barrington, de n’avoir pas été fidele dans sa relation de la conquête de la Guadaloupe. D’ailleurs tout ce que je puis en dire, est que je pense que