Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/541

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Je crois que c’est dans ces dernieres classes que l’on peut placer J. J. Rousseau, sans qu’il puisse s’en offenser, puisque ce genre de maladie le purge entiérement des vices du cœur & de l’ame dont ses ennemis l’accusent injustement.

Ouvrez l’histoire de France, n’y trouverez-vous pas un grand Roi qui, par trois accidens différens, eut le malheur d’être troublé. Le premier fut un coup de soleil, qui lui ayant causé des transports au cerveau, commença cette fâcheuse opération ; la seconde fut l’apparition subite d’un homme noir qui, à son passage dans une forêt, se présenta subitement à ce Prince en lui criant qu’on le trahissoit, & que l’on conspiroit contre lui ; & le troisieme fut la chûte d’une lance sur un casque, & dont le bruit sonore effraya tellement ce bon Prince, qu’il se troubla, au point qu’il s’imagina être livré à ses ennemis ; alors il entre en fureur, tire son épée, prend tous ceux qui se trouvoient devant lui pour des conspirateurs, fonce sur eux, court, crie, frappe & tue à tort & à travers jusqu’à ce qu’il tombe en pamoison ou en délire : on est obligé de le lier sur un chariot, on le ramené en son palais. Il reprend ses esprits, rentre dans toute l’étendue de son bon sens, continue de gouverner des cinq, six & sept années de suite avec autant de sagesse que de prudence. Croiroit-on qu’il laissoit voir pendant les intervalles lucides que lui laissoit son mal, toute la force d’esprit & la sagacité dont se pourroit glorifier le prince le plus accompli ?

Que l’on réfléchisse sur ce passage, & sur la maladie de J. J. Rousseau, on y trouvera tout au moins, quant aux intervalles lucides, beaucoup de rapport ; ces intervalles ne sont pas de