Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/112

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Dieu & ses bienfaits surnaturels, traités d’artificiels parce qu’ils ne sont pas physiquement naturels ; comme si Dieu en faisant l’homme avoit dû ou prétendu faire un être purement physique, purement naturel, un corps sans ame.

C’est après ce dépouillement de tout ce que l’homme a de mieux, & qu’il a eu par le bienfait de Dieu depuis le premier moment de sa création, que M. R, se plaît à le contempler & à nous le faire contempler sans rougir. Et c’est alors qu’il dit avec satisfaction. “Je vois, dit-il, un animal moins fort que les uns, moins agile que les autres ; mais, à tout se prendre, organisé le plus avantageusement de tous.” Encore pourroit-on demander à M. R. comment il voit l’homme mieux organisé que tout autre ? Y a - t- il d’Anatomiste au monde qui puisse décider cette question que M. R. tranche ici de sa pleine autorité ? On peut présumer que l’homme est le mieux organisé de tous les animaux. Mais je crains que M. R. ne veuille trop réduire l’homme, sa raison, son esprit à cette meilleure organisation.

En un mot l’homme primitif, naturel & orginaire de M. R. n’est qu’un animal, seulement capable de devenir raisonnable avec le tans, & en vérité pour son malheur. Notre Auteur ne le perd plus de vue depuis qu’il l’a réduit à son animalité originaire. Suivons-le. Je le vois, dit - il, se rassasiant sous un chêne, se désaltérant au premier ruisseau, trouvant son lit au pied du même arbre. Comme M. R. est le créateur de cet homme animal, il en fait les honneurs, le tourne, le retourne, le prodigue, en un mot, l’éleve à sa façon, ou le donne à élever aux autres animaux en titre. L’homme, les