Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

solitaire, sans armes, talent ni esprit, ni instinct même, si ce n’eût celui de boire, de manger & dormir, parvient pourtant à la longue à surpasser ses maîtres, les animaux, & à avoir de l’esprit, des armes & des arts, à force, sans doute de réfléchir & de méditer, ce que les autres animaux ont la sagesse de ne pas faire ; sans quoi ils acquerroient de l’esprit, & avec le tans, des arts, des sciences & une société ; toute choses contre nature, & l’effet d’une nature dépravée. Car en propres termes, M. R. dit à ce propos : & “il ose presque assurer que l’état de réflexion est contre nature, & que l’homme qui médite est un animal dépravé. Je suis M. votre. très, &c.

LETTRE VII.

Monsieur, on voit que la vie libre des Sauvages vous a pris au cœur. Vous louez sur-tout leur bonne constitution, & leur exemption de la plupart des maladies qui nous infestent. Point de respect humain : chacun a sa vocation : au lieu de vous amuser inutilement à critiquer la nôtre, peut-être que les infirmités dont vous vous plaignez, ne sont l’effet que de cette vie civile, à laquelle vous vous prêtez à contre-cœur, & dont vous vous plaignez aussi. Aude hospes contemnere opes, &c. Tous les jours la France envoie des colonies aux Sauvages de la Louisianne ou du Canada.

Encore trouverois-je la vie de nos Sauvages ordinaires, trop