Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/122

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exemple, dans tout son raisonnement, M. R. ne fait pas moindre attention à cette vraie lumière qui illumine en propre termes tout homme venant en ce monde. Erat lux vera quoe illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum. M. R. paroît totalement ignorer la religion chrétienne.

Je suis &c.

LETTRE IX.

Monsieur, rien ne prouve mieux que vous heurtez la religion, faute de la connoître, & je veux le supposer, sans mauvais dessein, que de vous voir prendre positivement l’état de votre Sauvage solitaire & animal pour l’état d’innocence primitive, pour l’état même d’une félicité & comme d’un paradis terrestre ; & au contraire la vie civile, réguliere & économique, politique même pour le propre état de dégradation & de corruption de notre nature.

Tout ce dont je vous blâme, c’est d’écrire si souvent amplement, si affirmativement & avec tant de fracas & de tracas sur des matieres qui ne sont en rien de votre compétence & de votre ressort. Sentez donc, Monsieur, que ce aigrit les cœurs & ameute les esprits, & nous fait tomber des mains les vraies sciences, les arts utiles, & peut vous nuit à vous-même beaucoup à la fin. Un homme d’une imagination forte, qui n’a qu’un but &qui y va toujours, est un homme à craindre, & ressemble bien à ce qu’on apppelle un enthousiaste, un illuminé. Et vous ayez vu que sur la seule musique