Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/211

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l’Etat contre les attentats des Huguenots fanatiques, paroît bien plus sanguinaire, dans, cette façon raisonnée, d’ériger l’étranglement d’un Sultan par ses sujets en acte juridique, ne mettant point de différence entré le jugement & l’exécution d’un jugement de mort, entre le juge & le bourreau. Je suis fâché qu’on ait dit qu’il ne manque à M. R. que l’adresse & l’hypocrisie d’un prédicant de révolte, d’un Cromwel. Oh, hypocrite ! M. R. ne l’est point du tout : il parle clair.

Me voici aux notes. L’Auteur dit “l’homme est méchant.... cependant l’homme est naturellement bon. Qu’est-ce donc qui peut l’avoir dépravé à ce point, sinon les changemens survenus dans sa constitution ?” M. R. paroît par-tout ignorer absolument la cause unique de la dépravation des hommes & de la corruption de notre nature d’abord innocente, c’est-à-dire, le péché d’Adam. Il remonte toujours au physique ; car il n’entend que cela par notre constitution. Or il n’y a eu que du moral, & du théologique même dans la désobéissance d’Adam. Je suppose que M. R. est baptisé & qu’il fait pourquoi.

M. R. veut que la société des hommes soit cause de toute leur dégradation. Encore l’Ecriture lui en donne-t-elle le démenti, le plus ad hominem qui puisse être. Car M. R. voulant que l’homme originaire & bête brute, en société d’abord avec les bêtes brutes seules, fût jusques-là dans l’état de nature pure & innocence, uniquement pervertie par la simple société avec les autres hommes, ignore que réellement le péché d’Adam n’est venu que de ce qu’Eve formée pour vivre en société avec Adam seul, entra en société de raisonnement, de philosophie