Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/258

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précipice vous vous étiez jetté dans cent autres, & qu’une erreur avoit amoncelé dans votre esprit & sous votre plume des montagnes d’erreurs, des dédales, des labyrinthes d’erreurs, sans aucune issue pour vous en tirer ; votre façon d’esprit & d’argumentation sophistique, vous entravant à chaque pas dans de nouveaux entrelacemens, formant de nouveau embrouillemens, dont vous resserriez les nœuds, à force de les multiplier.

Par rapport aux mysteres, soit de la nature, soit de la foi, je disois que la méthode ordinaire, méthode de dispute, de pique & de contention, n’étoit bonne qu’à multiplier les mysteres & à les embrouiller l’un, par l’autre à l’infini, sans en débrouiller aucun par la voie de droit & de la pure possibilité. Ma voie de fait réduit à coup sûr, en un moment, vingt mysteres à un seul, & souvent à rien de trop mystérieux.

Vous même, Monsieur, dans votre discours contre la Musique,vous le commenciez par le bon mot de M. de Fontenelle qui veut qu’on constate le fait de la dent d’or, avant que de l’expliquer. Et il est vrai que dans ce cas-là, on se seroit épargné bien de fausses explications d’un fait, faux lui-même. Mais dans le cas même d’un fait vrai, encore s’épargneroit-t-on bien des explications & bien du faux, en commençant par constater le fait tel qu’il est.

Et sur cela, j’ai coutume de dire, que quand je trouve dans l’Ecriture sainte, par exemple un mystere, c’est-à-dire, une chose que je n’entends pas, je commence par la croire ; ajoutant qu’après l’avoir crue, il m’arrive assez souvent de la comprendre très-bien, ou aimez bien enfin. A ce propos, je vous