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EXTRAIT Du No. 35 de L’Année Littéraire 1778.

La littérature est dans ce moment, Monsieur, frappée du fléau de stérilité ; à peine paroît-il un ouvrage digne des honneurs de l’analyse ; on ne voit éclore dans l’ombre que de petits romans sans vie & sans chaleur, d’insipides pamphlets, morts avant que de naître, un essaim prodigieux de prospectus, & pas un bon livre ; vous devez donc m’excuser, & même me savoir gré, Monsieur, si au milieu de cette sécheresse, j’accueille avec plaisir les lettres intéressantes qu’on me fait l’honneur de m’adresser ; celle-ci est d’une dame, encore plus recommandable par ses vertus sociales, que par ses talens ; au don de penser elle joint la bienfaisance & la sensibilité ; elle est digne d’apprécier J. J. Rousseau. Cette justice que je rends ici aux qualités de son cœur & aux lumieres de son esprit,

ne doit point être regardée comme cette monnoie courante d’éloges payés & rendus, que nos écrivains actuels s’adressent mutuellement avec tant de bénignité. Ce n’est point pour reconnoître les choses flatteuses que Madame D. R. G***. veut bien dire de ce Journal que je me permets cette foible esquisse de sa personne. Quoique parfaitement instruit de tout ce qui la rend si estimable, je n’ai cependant l’avantage de la connoître que par quelques lettres dont elle m’a honoré au sujet du petit écrit que vous allez lire ; je l’ai même suppliée d’en retrancher les louanges que l’Année Littéraire doit à son indulgence mais elle a été inébranlable, & il m’a fallu, malgré