Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/383

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je crois que ce n’est pas un autre moment que vous attendez, mais un autre adversaire, de qui on ne puisse pas dire, vaut-il la peine d’être combattu ?

Vous connoissez, sans doute, Monsieur, une lettre qui a paru dans le N̊. 303 des feuilles de Paris : mais je désespere que vous nous en disiez votre sentiment, & je me flatte que vous ne trouverez pas mauvais que je vous entretienne de l’impression qu’elle m’a faite. Cette lettre a causé la plus grande sensation ; quelques personnes en ont été transportées ; s’annoncer comme ami de Rousseau, c’est se concilier le suffrage de tous les gens qui l’aiment ; & chez presque tous ces gens-là, le sentiment prévaut sur la réflexion. Il étoit si bon, si sensible, que tous ceux qui ont l’imagination vive & l’ame tendre, se déclarent nécessairement pour lui. D’autres personnes prétendent que la façon dont M. Olivier de Corancez releve les écarts de M. de la Harpe n’est pas décente ; pour moi, Monsieur, je suis plus attachée à la mémoire de Jean-Jaques que ceux qui préconisent la lettre de M. Olivier de Corancez, & plus indulgente que ceux qui la censurent. Si la persuasion mon insuffisance n’avoit pas réprimé le desir que j’ai eu répondre à M. de la Harpe ; j’aurois bien mieux mérité que M. Olivier de Corancez, les reproches qu’on lui fait. J’aurois dit à l’académicien, que je ne suis pas étonnée que le jugement qu’il prononce sur J. J. Rousseau sois pitoyable ; mais que je le suis beaucoup qu’il ait eu la témérité de le prononcer. En effet, Monsieur, comment la destinée d’Oza ne l’a-t-elle pas fait trembler ? Je lui aurois dit.....Mais laissons là M. de la Harpe, laissons-le voir, sentir, écrire, versifier,