Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/414

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seroit ce nom sans l’épithete qui le précede ? De quel autre l’avez-vous vu décoré ? Savez-vous bien que c’est un homme précieux qu’un EDITEUR capable d’enrichir un ouvrage de Notes qui le sont, oublier ? Or je n’entends citer l’Essai sur la va de Séneque, que pour indiquer où se trouvent les Notes dont il s’agit. Je ne sais si l’enthousiasme m’égare, mais je voudrois que le titre d’EDITEUR fût spécialement, inséparablement, exclusivement annexé au nom de NÉGEON ; que l’on dît l’EDITEUR NÉGEON, comme on dit......le Chancelier d’Aguesseau, par exemple. J’avoue que ces deux noms ne présentent pas des idées absolument analogues. Mais qu’importe ? N’y a-t-il pas différens genres de célébrité ? On ne parlera peut-être pas moins long-tems de Cartouche, que de Turenne.

Je me suis précédemment montrée a vous, Monsieur, parée de la qualité d’amie de J. J. Rousseau ; & je ne serai jamais rien qui y déroge. En dépit du tort que M. l’Editeur Négeon, & M. Helvétius lui sont dans mon esprit, je le sens, mon cœur lui sera toujours fidelle, car ce sont ses vertus qui m’attachent, & ces Messieurs n’attaquent que ses talens. Mais aussi avec quel avantage !..... En vérité, en lisant la lumineuse Note de la page 267 on rougit pour les partisans de Jean-Jaques, du travers qu’ils se donnent, en prétendant pour lui à une sorte de réputation. À laquelle peut avoir droit un homme qui, NÉ DÈS LE DIX-HUITIEME SIECLE, n’a pas deviné les grandes

vérités de la morale ; & s’est contenté de les exposer avec tant de clarté, de dignité, & de graces, qu’il les a rendues sensibles, respectables & cheres, aux gens de l’intelligence la moins exercée : qui n’a pas deviné que deux & deux sont quatre