Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/429

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l’honoroit ! L’infortuné Mylord ! Il faudroit le défendre contre celui qui s’est chargé de le louer.

Sure de vous intéresser, en vous entretenant de votre ami, du mien, de celui de tous les cœurs droits & sensibles, j’espere que vous me pardonnerez de vous tant parler de son ennemi. Oui, Monsieur, je le répete, de son ennemi : tout modeste qu’est M. d’Alembert, je le défie de nier que ce superbe titre ne lui convienne. Dès le tems où on posa les fondemens du fameux édifice de l’Encyclopédie, il disoit à ses connoissances intimes en parlant de son vertueux coopérateur, je ne sais ce que m’a fait cet homme, mais, je ne le saurois souffrir ; il a une maniere d’être qui m’est insupportable. Je le sais bien moi, ce qu’il lui avoit fait ; il lui avoit fait ombrage ; il le lui faisoit encore ; il s’annonçoit de façon à le lui faire toujours. Mais n’osant avouer le principe de sa haine, il ne lui en assignoit aucun : car il n’y avoit pas moyen de dire alors, comme à présent, il est triste qu’après tant de marques d’estime & d’intérêt données à M. Rousseau, le bienfaisant & paisible Mylord, qui auroit pu s’attendre à l’amitié, n’ait pas même éprouvé la reconnoissance. Quelqu’envie qu’on ait de calomnier, encore faut-il être secondé par les circonstances.

Je sens, Monsieur, que l’amenité philosophique dont je viens de vous amuser, ne peut que fortifier la répugnance que vous a inspirée pour son auteur, la réponse sans réplique,*

[*On en trouve la raison, dans un dicton trop trivial pour être rapporté.] qui termine l’Exposé succinct de la contestation qui s’est élevée entre M. Hume & M. Rousseau ; & je gémis de ce mauvais effet. Au moins n’est-il pas produit par une imputation hasardée ;