Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/433

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en original entre les mains d’un homme public, chez qui tout le monde ait le droit, & la facilité de s’assurer qu’il est bien réellement autographe. Car enfin, quand on ne reconnoît pas dans un écrit quelconque, la maniere d’un écrivain, pour être fondé à croire qu’il est de lui, il faut au moins y reconnoître son écriture. Par exemple, s’il paroissoit sous le nom de M. d’Alembert, (quoique bien moins célebre que Jean-Jaques) un ouvrage d’un style serré, nerveux, rapide, dégagé d’inutilités ; où la religion ne fût pas confondue avec ses abus ; où Voltaire & Rousseau fussent appréciés à leur juste valeur ; enfin un ouvrage qui portât l’empreinte du génie ; personne ne voudroit croire qu’il fût de M. d’Alembert ; à moins qu’il ne soumît son manuscrit, à l’examen de quiconque daigneroit chercher à se convaincre. Encore craindrois-je qu’il n’y eût des gens aurez obstinés, pour soutenir que ce manuscrit, ne seroit lui-même qu’une copie.

Ce sujet m’amene tout naturellement, Monsieur, à mettre sous vos yeux une lettre de J. J. Rousseau, à M. Guy son libraire,*

[*Je n’ai point demandé son aveu pour le nommer : parce que ce n’est pas là le cas d’en avoir besoin. La manie des notes me gagne, Monsieur ; j’en fais beaucoup aussi ; mais elles ne sont ni longues, ni superflues, & n’ont pas pour objet d’outrager un honnête homme.] datée de Vootton du 7 février 1767. Il est bon que vous la connoissiez : elle donnera de nouvelles forces à votre opinion sur le compte de M. Hume. Je vous garantis la fidélité de cette copie, je l’ai faite sur l’original, sans ajouter, retrancher, ni changer un seul mot.

“J’ai lu, Monsieur avec attendrissement l’ouvrage de mes