Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/484

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Je ne goûte pas plus que vous, Monsieur, cette partie de l’apologie. L’auteur a tort d’essayer de justifier la prétendue lettre d’injures. Il falloit qu’il en niât formellement l’existence : il falloit, au moins, qu’il dît qu’il n’y croyoit pas. Tant pis pour ceux qui la supposent : l’obligation d’être poli disparoît devant celle d’être sincere : on s’expose à un démenti quand on avance des choses incroyables. Plus ferme que l’Apologiste, je nie l’existence de cette lettre ; & je la nierai, jusqu’a ce qu’elle me soit attestée par des gens dont le témoignage puisse faire autorité. Eh ! me direz-vous peut-être, qui êtes-vous, pour oser nier ce que M. le Secrétaire perpétuel de l’Académie Françoise, & M. le Baron Stosch affirment ? Qui je suis ? Je suis Moi. Ne savez-vous pas que les Encyclopédico-Egoïstes ont donné à ce pronom, la valeur des noms les plus respectables ?

Vous dites encore, Monsieur : “mais les torts de M. Rousseau à l’égard de M. Hume étoient si grands, & si notoires, que mylord Maréchal, sans avoir aucune raison de ménager le philosophe Anglois, a pu, & dû les représenter au philosophe de Geneve : si ce dernier a répondu par des je injures à de si justes représentations, & n’en a pas fait à son bienfaiteur une réparation authentique, il me semble qu’on peut bien dire qu’il a été coupable d’ingratitude envers lui, comme il l’avoir été envers M. Hume. Nous sommes fâchés que ces mots coupable d’ingratitude blessent tant l’ami de M. Rousseau ; mais nous croyons que c’est l’expression propre en pareille circonstance.”

Le philosophe de Geneve ! L’expression, sans doute, très-propre, est neuve, & tout-à-fait ingénieuse. Elle signifie apparemment