Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/488

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de s’exprimer, vous ne devez jamais écrire : si vous la distinguez vous le devez bien moins encore.

“Selon l’apologiste,” c’est toujours vous qui parlez, Monsieur, “c’est manquer d’égards pour la mémoire de mylord Maréchal, que d’accuser d’ingratitude, à son égard, feu M. Rousseau, à qui il a légué sa montre par testament. Il nous semble, au contraire, que c’est honorer la mémoire de ce vertueux bienfaiteur, que d’apprendre au Public, jusqu’à quel point il a porté l’indulgence pour celui qui l’avoit outragé, & dont M. d’Alembert a d’ailleurs raconté les torts sans haine, & sans amertume.”

Il ne falloit, à cet égard, rien apprendre au Public. Mylord Maréchal étoit sans doute un homme très-recommandable par sa naissance, ses qualités personnelles, & la faveur du Roi de Prusse. Mais ce n’étoit ni un Saint, ni un Prince, ni un Académicien ; il ne falloit faire ni son panégyrique, ni son oraison funebre, ni son Eloge. Sa mémoire doit être plus chere à ses amis, qu’elle ne paroît l’être à M. Stosch ; mais les détails de sa vie privée, & ses dispositions testamentaires importoient peu à l’Europe, dont, pour cette fois, M. d’Alembert n’a pas été le REPRÉSENTANT. Ce sont les grands talens qui sont les grandes réputations, Monsieur. Si FRÉDÉRIC pouvoir n’être que Roi, pensez-vous qu’il ne perdît rien de la sienne ?.....J’admire combien de notions fausses sont rassemblées dans votre tête ! Dans l’hypothese que vous soutenez, le legs de la montre n’honore point la mémoire de mylord Maréchal. Il y a de la libéralité, de la générosité même à secourir un ingrat ; mais lui donner une marque d’amitié, ce n’est pas avoir