Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/501

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Vous dites, Monsieur : “Quand on songe” dit Rousseau dans l’article harmonie de son Dictionnaire de Musique “que de tous les peuples de la terre qui ont une musique, & un chant, les Européens sont les seuls qui aient une harmonie, des accords, & qui trouvent ce mélange agréable, &c. il est bien difficile de ne pas soupçonner que toute notre harmonie n’est qu’une invention gothique, & barbare”..... C’est comme si on disoit : quand on songe que de tous les peuples du monde qui ont une poésie plus ou moins étendue, les Européens sont les seuls qui ayent un Homere, un Virgile, un Horace, un Racine, un Voltaire, un Tasse, un Milton, &c.... & qui trouvent un charme inexprimable dans leurs vers, il est difficile de ne pas soupçonner que tout cela n’est qu’une barbarie.*

[*Note de la pag. 55, du I. Tom. de l’Essai sur la Musique.]

Monsieur, que Rousseau ait raison ou tort, c’est ce dont ni vous, ni moi, ne sommes en état de décider. Mais vous ne pouvez pas plus que moi, nier qu’il ne soit absurde de comparer aux différentes parties d’un art quelconque, les artistes qui se sont distingués dans un autre art. C’est pourtant ce que vous faites dans cette Note, d’une maniere aussi positive, quoiqu’un peu moins choquante, que si vous compariez crûment Voltaire, à une dissonance ; C. Van-loo, à un piedestal ; Costou, à un hémistiche ; & Rameau à une draperie. Ce n’est pas tout : vous mutilez le fragment que vous citez, avec une licence d’autant plus dangereuse, qu’il est à présumer, que le commun des lecteurs, déjà fatigué par la profondeur de vos raisonnemens, n’ira pas chercher le complément de ceux de Rousseau, dans son. Dictionnaire. Je vais