Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/573

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auroit été plus décente pour vous-même ; & n’auroit pas compromis M. l’Abbé Roussier, dont la délicatesse a dû cruellement souffrir, de recevoir publiquement une lettre de l’espece de la vôtre ; où, pour comble d’humiliation, vous le classez avec vous, en lui disant : au reste, je suis sûr que les injures de cette pauvre vieille vous ont fait autant de pitié qu’à moi. Il n’y a que vous au monde, M. D. L. B. qui soyez capable de prêter à M. l’Abbé Roussier une façon de penser à laquelle il s’est montré si supérieur dans la Note qu’il a faite sur la vingt-huitieme page de l’Errata ; & qui a donné lieu à la lettre que j’ai eu l’honneur de lui adresser. Obligé de répondre à la vôtre, il a fait tout ce qu’il pouvoit faire de mieux, en ne disant pas un seul mot sur tout ce qui étoit étranger aux Mémoires qu’elle accompagnoit. Malheureusement il y a de si mauvais pas, qu’on n’en peut sortir sans quelques éclaboussures. Aussi ai-je été forcée de défendre moi-même cet estimable Abbé, contre des gens excessivement honnêtes, à qui ses intimes relations avec vous, Monsieur, avoient fait prendre de lui des impressions peu favorables. Je me flatte d’être parvenue à leur persuader qu’en dépit du proverbe, la conformité d’occupations qui l étroitement les hommes, n’entraîne pas toujours celle des principes ; qu’il y a loin des goûts aux sentimens ; que M. l’Abbé Roussier pouvoir bien VOUS FAIRE PARLER, mais non pas vous faire taire ; & que très-surement ce n’étoit pas à diffamer J. J. Rousseau qu’il vous avoit AIDÉ dans la composition de votre savant ouvrage.

Il faut pourtant convenir que cette lettre si embarrassante pour M. l’Abbé Roussier, si dégoûtante pour vos lenteurs