Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/577

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collationner ; jusqu’aux éclaircissemens dont j’ai cru nécessaire de les accompagner, & dont vous disposerez, Madame, ainsi que vous le jugerez à propos, tout en cette occasion a contrarié mon empressement à vous servir ; & c’est-là l’unique sentiment pénible que m’ait donné ce travail. Mais quel ample dédommagement ! Ah ! Madame, concourir avec vous à l’honneur de confondre l’imposture & la calomnie, de venger l’innocence & la vérité ; y être appellé par vous, c’est être jugé digne de votre estime ; & pour qui a le bonheur de vous connoître, c’est obtenir la récompense la plus honorable tout-à-la-fois, & la plus douce.

Mais, Madame, il est inconcevable que M. D. L. B. non content de revenir. à la charge pour diffamer Rousseau, ait eu la brutale démence de diriger les traits jusques sur vous. En vérité c’est grand dommage que cet homme n’ait pas l’étoffe d’un héros ! On pourroit le comparer à ceux d’Homere qui osoient défier & combattre leurs Divinités. Mais enfin, puisque rien en lui n’autorise cette comparaison, il faut se rabattre à mépriser la lâcheté de caractere qu’il décelé en voulant outrager une femme ; & le plaindre de ne pas connoître celle qu’il croit outrager. Au reste, Madame, sa conduite prouve que votre secret a été scrupuleusement gardé par vos amis, & qu’il ne connoît de vous que ce que vous en avez avoué vous-même dans l’Errata de l’Essai sur la musique. Il sait donc que vous êtes une femme ; & voilà tout. S’il vous avoit seulement entendu nommer, son amour-propre l’auroit préservé de l’excès auquel il s’est livré : il auroit su que les épithetes qu’il vous donne sont aussi absurdes par leur application, que rebutantes par leur