Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

produisent des vertus qui le sont aussi ; il n’y a rien là que de

conforme à mes principes : nos sciences sont au berceau, nous tenons à la barbarie par mille côtés : n’avons-nous pas encore des haines de nations, des guerres, des combats singuliers ? Tant d’ignorance qui nous de vices.

À l’égard des arts, j’avouerai qu’ils ne sont pas à beaucoup près aussi irréprochables que les sciences ; ils tiennent au plaisir, & le plaisir est aisément suspect. Leurs abus sont-ils nécessaires ? c’est ce que l’on n’a point prouvé & que l’on ne prouvera jamais. Que l’on en ait abusé souvent, qu’on en eût même abusé toujours, il resteroit encore à démontrer qu’il est impossible de n’en pas abuser ; c’est à quoi l’on ne parviendra point : rien de plus aisé à réprimer, par exemple, que les abus des spectacles ; les gouvernemens peuvent tout en cette partie, & ils pourront tout quand ils le voudront, sur ceux de l’Imprimerie. Pour abréger, je cite ces deux exemples comme les plus importans : on ne détruira jamais tous les vices, parce qu’il faudroit détruire les hommes ; mais on en affoiblira le nombre & la qualité ; ils cesseront d’être publics & tolérés ; on les obligera à se cacher & à rougir, & la corruption n’existera plus.

Que les arts au reste parent notre existence & nos besoins,