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LES

CONFESSIONS

DE

J. J. ROUSSEAU.



LIVRE HUITIÈME.


J’ai dû faire une pause à la fin du précédent livre. Avec celui-ci commence, dans sa première origine, la longue chaîne de mes malheurs.

Ayant vécu dans deux des plus brillantes maisons de Paris, je n’avois pas laissé, malgré mon peu d’entregent, d’y faire quelques connoissances. J’avois fait entr’autres, chez Mde. D…n celle du jeune prince héréditaire de Saxe-Gotha & du baron de Thun son gouverneur. J’avois fait, chez M. de la P.......e celle de M. Seguy, ami du baron de Thun, & connu dans le monde littéraire par sa belle édition de Rousseau. Le baron nous invita, M. Seguy & moi, d’aller passer un jour ou deux à Fontenai sous bois, où le prince avoit une maison. Nous y fûmes. En passant devant Vincennes, je sentis à la vue du donjon un déchirement de cœur dont le baron remarqua l’effet sur mon visage. À souper, le prince parla de la détention de Diderot. Le baron, pour me faire parler,