Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t16.djvu/264

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vous avez voulu nuire ; mais si vous aimez le repos, craignez d’avoir eu le malheur de réussir. Je n’ai caché ni à vous, ni à elle, tout le mal que je pense de certaines liaisons ; mais je veux qu’elles finissent par un moyen aussi honnête que sa cause & qu’un amour illégitime se change en une éternelle amitié. Moi, qui ne fis jamais de mal à personne, servirais-je innocemment à en faire à mes amis ? Non ; je ne vous le pardonnerois jamais, je deviendrois votre irréconciliable ennemi. Vos secrets seuls seroient respectés ; car je ne serai jamais un homme sans foi."

"Je n’imagine pas que les perplexités où je suis puissent durer bien long-temps. Je ne tarderai pas à savoir si je me suis trompé. Alors j’aurai peut-être de grands torts à réparer & je n’aurai rien fait en ma vie de si bon cœur. Mais savez-vous comment je rachèterai mes fautes durant le peu de tems qui me reste à passer près de vous ! En faisant ce que nul autre ne fera que moi ; en vous disant franchement ce qu’on pense de vous dans le monde & les brèches que vous avez à réparer à votre réputation. Malgré tous les prétendus amis qui vous entourent, quand vous m’aurez vu partir, vous pourrez dire adieu à la vérité ; vous ne trouverez plus personne qui vous la dise."

Troisième Lettre de la même.

"Je n’entendois pas votre lettre de ce matin : je vous l’ai dit, parce que cela étoit. J’entends celle de ce soir, n’ayez pas peur que j’y réponde jamais : je suis trop pressée