Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t16.djvu/288

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qu’il étoit arrivé de la veille, & qu’on l’avoit vu au spectacle le même jour.

Il me revint mille faits de cette espèce ; mais une observation que je fus surpris de faire si tard, me frappa plus que tout cela. J’avois donné à G[...]tous mes amis sans exception ; ils étoient tous devenus les siens. Je pouvois si peu me séparer de lui, que j’aurois à peine voulu me conserver l’entrée d’une maison où il ne l’auroit pas eue. Il n’y eut que Mde. de Créqui qui refusa de l’admettre & qu’aussi je cessai presque de voir depuis ce temps-là. G[...], de son côté, se fit d’autres amis, tant de son estoc que de celui du Comte de F

[ries] e. De tous ces amis-là, jamais un seul n’est devenu le mien ; jamais il ne m’a dit un mot, pour m’engager de faire au moins leur connoissance ; & de tous ceux que j’ai quelquefois rencontrés chez lui, jamais un seul ne m’a marqué la moindre bienveillance, pas même le Comte de F

[ries] e, chez lequel il demeuroit & avec lequel il m’eût par conséquent été très agréable de former quelque liaison ni le Comte de S

[chomber] g son parent, avec lequel G[...]étoit encore plus familier.

Voici plus ; mes propres amis dont je fis les siens, & qui tous m’étoient tendrement attachés avant sa connoissance, changèrent sensiblement pour moi quand elle fut faite. Il ne m’a jamais donné aucun des siens, je lui ai donné tous les miens & il a fini par me les tous ôter. Si ce sont là des effets de l’amitié, quels seront donc ceux de la haine ?

Diderot même, au commencement, m’avertit plusieurs