Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/115

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sur cette affaire, de promettre une récompense, & le secret à ceux qui dénonceroient les coupables, & de mettre en attendant, aux frais du prince, des gardes à ma maison & à celle du Châtelain qui la touchoit. Le lendemain le colonel de Pury, le procureur-général Meuron, le châtelain Martinet, le receveur Guyenet, le trésorier d’Ivernois & son père, en un mot tout ce qu’il y avoit de gens distingués dans le pays vinrent me voir, & réunirent leurs sollicitations pour m’engager à céder à l’orage, & à sortir au moins pour un tems d’une paroisse où je ne pouvois plus vivre en sûreté ni avec honneur. Je m’apperçus même que le Châtelain effrayé des fureurs de ce peuple forcené, & craignant qu’elles ne s’étendissent jusqu’à lui, auroit été bien aise de m’en voir partir au plus vite pour n’avoir plus l’embarras de m’y protéger, & pouvoir la quitter lui-même, comme il fit après mon départ. Je cédai donc, & même avec peu de peine, car le spectacle de la haine du peuple me causoit un déchirement de cœur que je ne pouvois plus supporter.

J’avois plus d’une retraite à choisir. Depuis le retour de Mde. de V

[erdeli] n à Paris, elle m’avoit parlé dans plusieurs lettres d’un M. Walpole qu’elle appeloit milord, lequel pris d’un grand zèle en ma faveur, me propsoit dans une de ses terres un asyle dont elle me faisoit les descriptions les plus agréables, entrant par rapport au logement & à la subsistance, dans des détails qui marquoient à quel point le dit milord Walpole s’occupoit avec elle de ce projet. Milord Maréchal m’avoit toujours conseillé l’Angleterre ou l’Ecosse, & m’y offroit un asyle aussi dans ses terres ; mais il m’en