Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

corvée. Il faut être fou, dans situation, pour courir de nouveaux désagrémens, quand le devoir ne l’exige pas. J’aimerai toujours ma patrie, mais je n’en peux plus revoir le séjour avec plaisir.

On a écrit ici à M. le Baillis que le sénat de Berne, prévenu par le réquisitoire imprimé dans la gazette, doit dans peu m’envoyer un ordre de sortir des terres de la république. J’ai peine à croire qu’une pareille délibération soit mise à exécution dans un si Cage Conseil. Sitôt que je saurai mon sort, j’aurai soin de vous en instruire : jusques-là gardez-moi le secret sur ce point.

Ce réquisitoire ou plutôt ce libelle me poursuit d’état en état, pour me faire interdire par tout le feu & l’eau. On vient encore de l’imprimer dans le Mercure de Neuchâtel. Est-il possible qu’il ne se trouve pas dans tout le public un seul ami de la justice & de la vérité, qui daigne prendre la plume, & montrer les calomnies de ce sot libelle, lesquelles ne pourroient que par leur bêtise, sauver l’auteur du châtiment qu’il recevroit d’un tribunal équitable, quand il ne seroit qu’un particulier ? Que doit-ce être d’un homme qui ose employer le sacré caractère de la magistrature à faire le métier qu’il devroit punir ? Je vous embrasse de tout mon cœur.