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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/209

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1 º. Le Christianisme n’est que le Judaïsme expliqué & accompli. Donc les Apôtres ne transgressoient point les lois des Juifs quand ils leur enseignoient l’Evangile : mais les Juifs les persécutèrent, parce qu’ils ne les entendoient pas, ou qu’ils feignoient de ne les pas entendre : ce n’est pas la seule fois que le cas est arrivé.

2 °. J’ai distingué les cultes où la religion essentielle se trouve, & ceux où elle ne se trouve pas. Les premiers sont bons, les autres mauvais ; j’ai dit cela. On n’est obligé de se conformer à la religion particulière de l’état, & il n’est même permis de la suivre que lorsque la religion essentielle s’y trouve ; comme elle se trouve, par exemple, dans diverses communions chrétiennes, dans le Mahométisme, dans le Judaïsme. Mais dans le Paganisme c’étoit autre chose ; comme très-évidemment la religion essentielle ne s’y trouvoit pas, il étoit permis aux Apôtres de prêcher contre le Paganisme, même parmi les Payens, & même malgré eux.

3 °. Quand tout cela ne seroit pas vrai, que s’ensuivroit-il ? Bien qu’il ne soit pas permis aux membres de l’état d’attaquer de leur chef la foi du pays, il ne s’ensuit point que cela ne soit pas permis à ceux à qui Dieu l’ordonne expressément. Le catéchisme vous apprend que c’est le cas de la prédication de l’Evangile. Parlant humainement j’ai dit le devoir commun des hommes ; mais je n’ai point dit qu’ils ne dussent pas obéir, quand Dieu a parlé. Sa loi peut dispenser d’obéir aux lois humaines ; c’est un principe de voire foi que je n’ai point combattu. Donc en introduisant une religion étrangère, sans la permis ion du souverain, les Apôtres n’étoient