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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/216

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LETTRE À Mde. DE LUZE.

À Motiers le 17 Mars 1764.

Il est dit, Madame, que j’aurai toujours besoin de votre indulgence, moi qui voudrois mériter toutes vos bontés. Si je pouvois changer une réponse en visite, vous n’auriez pas à vous plaindre de mon inexactitude, & vous me trouveriez peut-être aussi importun qu’à présent vous me trouvez négligent. Quand viendra ce temps précieux, où je pourrai aller au Biez réparer mes fautes, ou du moins en implorer le pardon ? Ce ne sera point, Madame, pour voir ma mince figure que je serai ce voyage ; j’aurai un motif d’empressement plus satisfaisant & plus raisonnable. Mais permettez-moi de me plaindre de ce qu’ayant bien voulu loger ma ressemblance, vous n’avez pas voulu me faire la

faveur toute entière, en permettant qu’elle vous vint de moi. Vous savez que c’est une vanité qui n’est pas permise, d’oser offrir son portrait ; mais vous avez craint peut-être que ce ne fût une trop grande faveur de le demander ; votre but étoit d’avoir une image, & non d’enorgueillir l’original. Aussi pour me croire chez vous, il faut que j’y sois en personne, & il faut tout l’accueil obligeant que vous daignez m’y faire pour ne pas me rendre jaloux de moi.

Permettez, Madame, que je remercie ici Mde. de Faugnes de l’honneur de son souvenir, & que je l’assure de mon respect. Daignez agréer pour vous la même assurance & présenter mes salutations à M. De Luze.

LETTRE À Mde. DE V.....

À Motiers le 13 Mai 1764.