Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/278

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voulus point vous en parler pour ne point vous affliger ; ce sont, je crois, les seules réticences que l’amitié permette.

Voici une lettre pour cette pauvre fille qui est à l’Isle. Je vous prie de la lui faire passer le plus promptement qu’il se pourra ; elle sera utile à sa tranquillité. Dites, je vous supplie, à Madame ** combien je suis touché de ton souvenir, & de l’intérêt qu’elle veut bien prendre à mon sort. J’aurois assurément passé des jours bien doux près de vous & d’elle. Mais je n’étois pas appelé à tant de bien. Faute du bonheur que je ne dois plus attendre, cherchons du moins la tranquillité. Je vous embrasse de tout mon cœur.

LETTRE À Mr.....

Avril 1766.

J’apprends, Monsieur, avec quelque surprise, de quelle manière on me traite à Londres dans un public plus léger que je n’aurois cru. Il me semble qu’il vaudroit beaucoup mieux refuser aux infortunés tout asile que de les accueillir pour les insulter ; & je vous avoue que l’hospitalité vendue au prix du déshonneur, me paroît trop chère. Je trouve aussi que pour juger un homme qu’on ne connoît point, il faudroit s’en rapporter à ceux qui le connoissent ; & il me paroît bizarre qu’emportant de tous les pays où j’ai vécu, l’estime & la considération des honnêtes gens & du public, l’Angleterre