Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/336

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Vous admirez Richardson ? Monsieur le marquis, combien vous l’admireriez davantage, si comme moi, vous étiez à porrtée de comparer les tableaux de ce grand peintre à la nature, de voir combien ses situations, qui paroissent romanesques, sont naturelles, combien ses portraits, qui paroissent chargés, sont vrais. Si je m’en rapportois uniquement à mes observations, je croirois même qu’il n’y a de vrais que ceux-là ; car les capitaines Tomlinson me pleuvent, & je n’ai pas apperçu jusqu’ici vestige d’aucun Belfort. Mais j’ai vu si peu de monde, & l’isle est si grande, que cela prouve seulement que je suis malheureux.

Adieu, Monsieur ; je ne verrai jamais le château de Brie, &, ce qui m’afflige encore davantage, selon toute apparence, je ne serai jamais à portée d’en voir le seigneur ; mais je l’honorerai & chérirai toute ma vie, je me souviendrai toujours que c’est au plus fort de mes misères que son noble cœur m’a sait des avances d’amitié, & la mienne, qui n’a rien de méprisable, lui est acquise jusqu’à mon dernier soupir.