Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/393

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passage, & qu’on m’accordât quelque recommandation. Mais sans y avoir renoncé formellement, je me suis mis dans le cas de ne pouvoir demander, ni désirer même honnêtement qu’elle me soit continuée, & d’ailleurs, avant d’aller m’exiler là pour le reste de mes jours, il me faudroit quelque assurance raisonnable de n’y pas être oublié, & laissé mourir de faim. J’avoue qu’en faisant usage de mes propres ressources, j’en trouverois dans le fruit de mes travaux passés de suffisantes pour subsister où que ce fût ; mais cela demanderoit d’autres arrangemens que ceux qui subsistent, & des soins que je ne suis plus en état d’y donner. Pardon, Monsieur, je vous expose bien confusément l’idée qui m’est venue, & les obstacles que je vois à son exécution. Cependant, comme ces obstacles ne sont pas insurmontables, & que cette idée m’offre le seul espoir de repos qui me reste, j’ai cru devoir vous en parler, afin que sondant le terrain, si l’occasion s’en présente, soit auprès de quelqu’un qui ait du crédit à la Cour & des protecteurs que vous me connoissez, soit pour tâcher de savoir en quelle disposition l’on seroit à celle de Londres pour protéger mes herborisations dans l’Archipel, vous puissiez me marquer si l’exil dans ce pays-là que je désire, peut être favorisé d’un des deux Souverains. Au reste, il n’y a que ce moyen de le rendre praticable, & je ne me résoudrai jamais, avec quelque ardeur que je le désire, à recourir pour cela à aucun particulier quel qu’il soit. La voie la plus courte & la plus sûre de savoir là-dessus ce qui se peut faire, seroit, à mon avis, de consulter Madame la Maréchale de Luxembourg. J’ai même une si pleine confiance & dans sa bonté pour