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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t17.djvu/98

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argumens invincibles pour des injures, ils devoient se tenir fort injuriés.

Les représentans, loin de faire aucune plainte sur cette odieuse déclaration, suivirent la route qu’elle leur traçoit, & au lieu de faire trophée des Lettres de la montagne, qu’ils voilèrent pour s’en faire un bouclier, ils eurent la lâcheté de ne rendre ni honneur ni justice à cet écrit fait pour leur défense, & à leur sollicitation, ni le citer, ni le nommer, quoiqu’ils en tirassent tacitement tous leurs arguments, & que l’exactitude avec laquelle ils ont suivi le conseil par lequel finit cet ouvrage oit été la seule cause de leur salut, & de leur victoire. Ils m’avoient imposé ce devoir ; je l’avois rempli, j’avois jusqu’au bout servi la patrie, & leur cause. Je les priai d’abandonner la mienne, & de ne songer qu’à eux dans leurs démêlés. Ils me prirent au mot, & je ne me suis plus mêlé de leurs affaires que pour les exhorter sans cesse à la paix, ne doutant pas que, s’ils s’obstinoient, ils ne fussent écrasés par la France. Cela n’est pas arrivé ; j’en comprends la raison, mais ce n’est pas ici le lieu de la dire.

L’effet des Lettres de la montagne, à Neuchâtel, fut d’abord très-paisible. J’en envoyai un exemplaire à M. de Montmollin ; il le reçut bien, & le lut sans objection. Il étoit malade, aussi bien que moi ; il me vint voir amicalement quand il fut rétabli, & ne me parla de rien. Cependant la rumeur commençoit ; on brûla le livre je ne sais où. De Genève, de Berne, & de Versailles peut-être, le foyer de l’effervescence passa bientôt à Neuchâtel, & sur-tout dans