Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t2.djvu/112

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au-devant des difficultés, je vous estime trop pour vous croire capable d’en faire.

Je vous défends, non-seulement de retourner sans mon ordre, mais devenir nous dire adieu. Vous pouvez écrire à ma mere ou à moi, simplement pour nous avertir que vous êtes forcé de partir sur le champ pour une affaire imprévue, & me donner, si vous voulez, quelques avis sur mes lectures jusqu’à votre retour. Tout cela doit être fait naturellement & sans aucune apparence de mystere. Adieu, mon ami, n’oubliez pas que vous emportez le cœur & le repos de Julie.

LETTRE XVI. REPONSE.

Je relis votre terrible lettre, & frisonne à chaque ligne. J’obéirai, pourtant, je l’ai promis, je le dois ; j’obéirai. Mais vous ne savez pas, non barbare, vous ne saurez jamais ce qu’un tel sacrifice coûte à mon cœur. Ah ! vous n’aviez pas besoin de l’épreuve du bosquet pour me le rendre sensible ! C’est un rafinement de cruauté perdu pour votre ame impitoyable, & je puis au moins vous défier de me rendre plus malheureux.

Vous recevrez votre boete dans le même état où vous l’avez envoyée. C’est trop d’ajouter l’opprobre à la cruauté ; si je vous ai laissée maîtresse de mon sort, je ne vous ai