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LETTRE XXXIV.


Réponse.

No, non vedrete mai
Cambiar gl’affetti miei,
Bei lumi onde imparai
À sospirar d’amor. [1]

Que je dois l’aimer, cette jolie Madame Belon, pour le plaisir qu’elle m’aprocuré ! Pardonne-le moi, divine Julie, j’osai jouir un moment de tes tendres allarmes, & ce moment fut un des plus doux de ma vie. Qu’ils étoient charmans, ces regards inquiets & curieux qui se portoient sur nous à la dérobée, & se baissoient aussi-tôt pour éviter les miens ! Que faisoit alors ton heureux amant ? S’entretenoit-il avec Madame Belon ? Ah ma Julie, peux-tu le croire ? Non, non, fille incomparable ; il étoit plus dignement occupé. Avec quel charme son cœur suivoit les mouvemens du tien ! Avec quelle avide impatience ses yeux dévoroient tes attraits ! Ton amour, ta beauté, remplissoient, ravissoient son ame ; elle pouvoit suffire à peine à tant de sentimens délicieux. Mon seul regret étoit de goûter aux dépens de celle que j’aime des plaisirs qu’elle ne partageoit pas. Sais-je ce que

  1. Non, non, beaux yeux qui m’apprites à soupirer, jamais vous ne venez changer mes affections. Metast.